Apprendre de ses erreurs
« Le succès, c'est de tomber 7 fois, se relever 8. » Proverbe japonais
Si on regarde un enfant qui essaie de marcher ou d'attraper un jouet, il aura fait de nombreux essais avant de réussir. Il acquiert la maîtrise du geste à force d'essayer sans relâche. Il commet des erreurs de placement, et réajuste son geste consciemment ou inconsciemment. L'erreur fait partie de la vie et de tout apprentissage. L’erreur est normale et nous permet d’avancer. L'essentiel est de profiter de chaque expérience pour apprendre et corriger.
Les personnes ayant du succès sont tous passées par des phases d'erreur. Ils ont appris et ont persévéré c'est un état d'esprit qui s'apprend. Les sportifs regardent leur prestation afin de comprendre quand leurs gestes étaient parfaits, et quand il y avait des erreurs. Cela leur permet d'améliorer leur performance la prochaine fois.
« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends » Nelson Mandela
«Je n'ai pas échoué. J'ai simplement trouvé 10.000 solutions qui ne fonctionnent pas.» Thomas Edison
C'est à partir de l'école que les essais deviennent des erreurs. L'enfant a peur de se tromper, il peut penser après que s'il s'est trompé c'est qu'il est bête. Il faut faire la différence entre un travail qui en est au début, où il peut être nécessaire que les élèves se trompent, et la fin d’une séquence où là, l’erreur est beaucoup moins souhaitable.
Dans le premier cas, l'enseignant laisse l'élève tâtonner, alors que dans le deuxième car le but recherché par les enseignants est de supprimer les erreurs.
Il n’y a pas d’erreur bête, il n’y a que des erreurs intelligentes. – Audrey Akoun et Isabelle Pailleau
En effet, c'est bien l'erreur qui amène à l'apprentissage, à la compréhension et à la réussite. Le processus d'essais , mais aussi d’erreurs fait donc partie de l'expérience d'apprendre.
Les conceptions de l'erreur selon les pédagogues
Dans la conception traditionnelle, les pédagogues pensent que le savoir se transmet par l'enseignant et que les erreurs sont dues à un manque de travail de l'élève.
Le psychologue Jean Piaget a montré que l’erreur était importante pour le bon développement de l’enfant ( au travers du mécanisme « d’assimilation-accommodation »)
Les pédagogies différenciées amènent une nuance à cette conception. L'erreur est due à un manque de maîtrise de la connaissance : soit l'élève n'a pas compris la notion, soit il ne sait pas la réinvestir.
L'objectif pour l'enseignant est de mettre en place des activités différentes qui permettent à l'élève de voir la notion sous différents angles. On peut aussi adapté les activités selon les profils d'apprentissages ou d'intelligences multiples.
Pour les pédagogues constructivistes, l'erreur fait partie du processus d'apprentissage, le rôle de l'enseignant est de proposer des situations-problèmes et des aides pour surmonter les obstacles. L'élève est alors acteur de son apprentissage, il réfléchit sur ses erreurs, sur ses stratégies ( métacogniton). La notion de feed back est importante.
Les neuroscientifiqes confirment que le cerveau apprend grâce à l’erreur. Les erreurs sont les traces de l’activité mentale et des schémas de réflexion. Si ces schémas sont erronés, il est nécessaire d’en prendre conscience et de créer un nouveau schéma. Les erreurs sont donc de formidables outils pour progresser.
Le fait d'apprendre peut être comparé à un jeu de labyrinthe. On entre dans le labyrinthe du savoir, on expérimente un chemin, puis un autre, on se retrouve dans un cul de sac (difficultés à comprendre), on recul pour mieux comprendre notre erreur et ajuster notre chemin. Il faut de la patience, de la persévérance pour arriver à la sortie.
La notion du feedback
Un bon feedback doit permettre de donner des pistes d'améliorer à la personne.
On a tous en tête le “peut mieux faire” sur la copie d'une dissertation, cette phrase ne donne aucune indication, alors qu'un feedback “fais des phrases plus courtes pour rendre ton propos davantage compréhensible, trouve plus d'arguments”est constructif, il donne des suggestions.
Pointer les erreurs des apprenants et suggérer des pistes, c'est bien, mais pour être sûr que cela serve à quelque chose, il faut donner le moyen à l'autre d'agir dessus.
Si l'on reprend l'exemple de la dissertation, on pourrait demander au jeune de la refaire en tenant compte des annotations. Puis réévaluer. On peut aussi numéroter les erreurs d'orthographe, puiis, demander au jeune d’expliquer la source de l’erreur et comment la corriger dans le futur. Ce travail peut également être évalué de façon formelle, il donne lieu à une note chiffrée au moins aussi importante que la note initiale. Tout cela prend du temps, beaucoup de temps. Et c'est pour cela que les enseignants ne peuvent pas faire du feedback sur toutes les notions.
Sara Joban explique dans ces conférences l'importance du feedback, elle pratique la méthode sandwich. Lors d'un feedback, elle commence par un commentaire positif, valorisant les points forts, puis un commentaire lié aux erreurs et elle termine, sur les pistes, les conseils et un commentaire positif.
Changeons notre regard sur l'erreur
« L'échec, c'est la succession de mauvaises petites actions sur la durée ; la réussite c'est la somme de nos actions sur une longue durée et elles ont une finalité » Martin Latullipe
J'aime beaucoup la définition que donne Martin Latullipe, la réussite est un processus qui se construit tout le long de la vie, c'est en créant des objectifs clairs que nous allons nous motiver et nous mettre à l'action. Le but est essentiel mais ce qui nous fait grandir, ceux sont les chemins, que l'on emprunte pour y arriver.
«Oublie les conséquences de l'échec. L'échec est un passage transitoire qui te prépare pour ton prochain succès» Denis Waitley
Arrêtons de voir que les côtés négatifs des erreurs. L’erreur ne devrait plus être stigmatisée mais devenir un matériau positif pour la construction du savoir.
Ne dîtes plus : "J'ai fait une erreur donc je suis nul(le)" car ce que vous faites et ce que vous êtes sont deux choses différentes. Préférez les phrases encourageantes comme "J'ai fait une erreur, je ferai autrement la prochaine fois".
Jane Nelsen explique dans son livre "Discipline Positive", l'importance de l’intégration de l’erreur dans le processus d’apprentissage. Elle aimerait que l'on soit plus souvent en train de dire : "Tu t’es trompé. C’est fantastique ! Qu’apprends-tu de cette erreur ?".
Elle propose l’outil de bienveillance des 3 “R” de la réparation comme un moyen de transmettre le courage d’être imparfait.
Le R pour Reconnaître : "oups j'ai fait une erreur"
Le R pour Réconcilier : "je suis désolée"
Le R pour Résoudre : "j'ai besoin de ton aide j'aimerais que l'on trouve une solution ensemble"
Mettons en avant ce qui est réussi avant de pointer l'erreur et demandons à l’enfant d’évaluer son erreur pour qu'il puisse progresser.
Lors de votre prochaine erreur, regardez la leçon qui se cache derrière elle!!
Vous pouvez vous créer un cahier d'expérience, où vous notez ce que vous avez appris aujourd'hui, ce que vous pourrais améliorer la prochaine fois ?......Vous aurez une vision de votre parcours, de vos essais. Vous pourrez prendre du recul et analyser l'erreur pour vous améliorer. En famille, chacun pourrait par exemple partager son “erreur du jour” et la leçon qu’il en a tirée.